La pandémie qui a traversé le monde depuis 2020 n’a cessé de bouleverser de nombreux secteurs du marché français, parmi lesquels figure en tête de liste la livraison. Entre montée en puissance des géants de l’ubérisation et nouvelles solutions écologiques, les tendances sont contradictoires. Zoom sur ce secteur traversé par les évolutions.
Le règne de l’ubérisation
De cette crise, on retiendra très certainement ces soirées passées à défiler l’écran de notre smartphone, en quête d’un restaurant qui nous plaise. Burger, pizza, sushis : l’embarras du choix sur ces applications de livraison de nourriture dont les gardiens sont Ubereats, Deliveroo ou encore Foodora. Face à la fermeture des restaurants et des bars, ce sont ces mastodontes qui ont touché le jackpot, en doublant le nombre de clients qu’ils avaient auparavant. Un “score” qui interroge sur les habitudes de consommation des français, qui semblent être durablement impactées. Reste à savoir si la récente réouverture des restaurants va changer la donne et siffler un coup d’arrêt pour ces géants qui ne cessent de croître. Rien n’est moins sûr.
Un secteur polluant
Ce phénomène ne se cantonne pas à la livraison de nourriture, mais également de produits en tous genres : livres, vêtements, chaussures… En la matière, Amazon s’impose comme le plus gros acteur, avec un chiffre d’affaires de 44 milliards en 2020. Encore une fois, ces leaders du commerce en ligne ont mené une concurrence déloyale à ces lieux de culture et commerces fermés pendant la crise. Cela a non seulement impacté les magasins au niveau économique, mais a aussi un prix pour l’environnement. En effet, tous ces acteurs sont très polluants et détruisent la planète. Il n’y a qu’à imaginer l’empreinte carbone nécessaire pour livrer une robe Shein depuis la Chine ! Sans parler de l’industrie qui utilise des produits chimiques nocifs pour l’environnement. Du côté humain, ces entreprises ne peuvent pas non plus se targuer d’être des modèles. Employés pour des salaires de misère, les travailleurs sont exploités et exercent dans des conditions de travail déplorables.
Des modes de livraison plus verts
Face à ces problèmes environnementaux et humains dans le secteur de la livraison, de nouveaux acteurs sont nés pour faire mieux et relever les défis contemporains. L’objectif ? tendre vers des moyens de livraison plus écologiques et moins polluants.
La jeune pousse française Cocolis est un exemple en la matière.
Créée en 2015, l’entreprise mise sur le collaboratif pour proposer un concept innovant : le covoiturage de colis. En emboîtant le pas au phénomène impulsé par BlablaCar, Cocolis permet de transporter objets, colis et meubles à moindre coût. Comment ? C’est très simple : les automobilistes qui se rendent à la même destination que vous et ont la place suffisante dans leur véhicule vous proposent de transporter vos meubles. Cela permet aux transporteurs de gagner plus d’argent lors des tournées et de réduire les retours à vide, qui ne sont pas écologiques. Quant aux automobilistes, ils peuvent ainsi rembourser leurs frais d’essence et de péage. Un bon compromis dont tout le monde sort gagnant : le porte-monnaie et la planète ! Tout cela permet d’optimiser les trajets et d’en limiter l’impact environnemental. En effet, la part du trafic à vide représente 18,4% de la distance parcourue par un camion sur un an. Un chiffre qui légitime l’importance de nouvelles entreprises comme Cocolis.
Ce mode de livraison plus “green” évolue également dans les grandes métropoles, où la livraison à vélo est de plus en plus encouragée. Les préceptes sont souvent les mêmes :
- réduire les déplacements à perte et optimiser les trajets grâce à un meilleur ciblage
- limiter les risques de vol avec la livraison des produits en main propre
- améliorer les performances en matière d’organisation et de planning
- s’engager activement à la réduction du trafic routier
- lutter contre la pollution et les nuisances sonores
Les résultats ?
– Le service est bien plus rapide : seulement le temps de trajet entre l’expéditeur et le destinataire, contre 3j en moyenne avec les services classiques
– On fait fonctionner une économie plus verte tout en favorisant les échanges sociaux
– On réalise des économies, car un trajet Cocolis coûte bien moins cher que de passer par les entreprises qui prennent une marge parfois ahurissante.
Ces démarches écologiques s’inscrivent dans un mouvement plus global, à travers tous les secteurs, pour sauver la planète. Il demeure néanmoins que cette tendance s’accroît à mesure que l’ambition des géants polluants augmente, toujours plus déterminés à faire du chiffre. Des modes de consommation schizophrènes, qui risquent de devenir très vite un véritable casse-tête.